Qui suis-je ?
Je suis né le 21 juillet 1973 à Lens. Je suis depuis 2005 conservateur des bibliothèques dans une des universités de la métropole lilloise, après des études en sciences, philosophie, ethnologie et sciences politiques.
Militant depuis 2001, j’ai appartenu au PS jusqu’en 2008, date à laquelle avec Jean-Luc Mélenchon et d’autres camarades nous avons fondé le Parti de gauche. Nous avions en commun la campagne et la victoire du « non » de gauche au référendum de 2005 et la création de Pour la République sociale, un club militant qui servit de matrice au PG.
J’ai été élu conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais au titre du Front de gauche en mars 2010, mandat que j’ai exercé tout en continuant de travailler à temps plein. Ayant décidé de ne pas vivre financièrement de mon mandat, mes indemnités d’élu ont été consacrées à l’action militante dans mon parti. C’est pour moi la préservation de ma liberté au-delà de fonctions électives forcément temporaires.
En résumé, j'ai pu me définir comme salarié-militant-élu.
Que fait un conseiller régional ?
L’élu régional a une grande latitude dans le choix des dossiers dans lesquels il souhaite se spécialiser. Dans mon cas, j’ai un intérêt particulier pour les affaires de transports et pour la question de la transition écologique (j'ai été membre des commissions « transports » et « transition sociale et écologique régionale » du conseil régional depuis 2010 et 2011 jusqu'au terme du mandat).
Cependant, la diversité des politiques publiques gérées par la Région fait que les conseillers régionaux apprennent vite ce que recouvrent les politiques de formation professionnelles, de formation initiale (lycées), de développement économique, culturelles, de santé publique, etc. Un apprentissage sur le tas qui ouvre les yeux sur bien des enjeux locaux, nationaux, européens et internationaux.
Par ailleurs, je suis devenu président du groupe La Gauche sociale et écologiste (LGSE) de mars 2014 à décembre 2015.
Enfin, je me suis représenté aux élections régionales de décembre 2015 en tant que tête de liste départementale du Nord pour le Rassemblement. Battu dès le premier tour, je suis revenu à un exclusif militantisme partisan.
Pourquoi ce blog ?
Depuis un long moment, je ressens le besoin d’un canal de communication propre, afin de pouvoir signaler mon travail de conseiller régional, mais aussi relayer le travail militant que j’effectue avec nombre de camarades du PG et du Front de gauche.
De nombreuses activités privées (lecture, cinéma, télévision…) viennent nourrir ma réflexion politique. Au détour d’un documentaire ou d’un livre, soudain les idées sont plus claires, la vision se fait plus lointaine, l’imagination s’élargit. Il est important de partager ces expériences. J’espère que ce blog y contribuera.
Pour l’homme privé que je suis (et qui le restera), il ne va pas de soi de donner libre cours publiquement à ses actes et pensées. Je ne doute pas que mes lecteurs contribueront également à l’animation et à l’amélioration de l’intention initiale.
Hello Laurent..Voici le dernier édito de Krugman sur la Grèce qui dément ce qu’on lit dans la presse conservatrice ces jours ci sur une soi disant capitulation de Syriza. .tu vas voir ça décoiffe. Amitiés. A bientôt
Ce que la Grèce a gagné ¨- P. Krugman NYT 27 février 2015
La semaine passée, après beaucoup de drames, le nouveau gouvernement grec parvint à un accord avec ses créanciers. Au début de cette semaine, les grecs donnèrent des précisions sur la manière dont ils entendent en respecter les termes. Alors, comment ça s’est passé ?
Bien, si vous deviez croire beaucoup des informations et d’éditoriaux des derniers jours, vous penseriez que ce fut un désastre – que ce fut une “capitulation” de la part de Syriza, la nouvelle coalition qui gouverne à Athènes. Certaines factions au sein de Syriza apparemment le pensent aussi. Mais ça n’en était pas une. Au contraire, la Grèce sortit de la négociation assez bien, bien que les combats majeurs restent encore à venir. En en s’en tirant bien, la Grèce a rendu un service au reste de l’Europe.
Pour saisir la signification de ce qui s’est passé, vous devez comprendre que la principale cause de controverse comprend seulement un seul chiffre : la taille de l’excédent primaire grec, la différence entre les rentrées du gouvernement et les dépenses du gouvernement à l’exclusion des intérêts de la dette. L’excédent primaire mesure les ressources que la Grèce transfère en fait à ses créanciers. Tout le reste, y compris la taille réelle de la dette – qui est un chiffre plus ou moins arbitraire à ce stade, peu en relation avec le montant que tout le monde s’attend à ce que la Grèce paie –ne compte que dans la mesure où il affecte l’excédent primaire que la Grèce est contrainte de dégager.
Que la Grèce dégage seulement un excèdent – étant donné le marasme de l’ampleur d’une dépression dans lequel elle est et l’effet de cette dépression sur les rentrées – est une réussite remarquable, le résultat d’incroyables sacrifices. Quoiqu’il en soit, Syriza n’a jamais caché qu’elle entend continuer à dégager un modeste excédent primaire. Si vous êtes en colère que ces négociations n’aient pas laissé place à un renversement complet de l’austérité, un virage en direction d’une relance fiscale keynésienne, vous n’avez pas fait attention.
La question était plutôt de savoir si la Grèce serait contrainte d’imposer toujours plus d’austérité. Le précédent gouvernement grec avait donné son accord à un programme dans lequel l’excédent primaire triplerait au cours des prochaines années, à un coût immense pour l’économie et la population du pays.
Pourquoi un quelconque gouvernement accepterait une telle chose ? La peur. Essentiellement, les dirigeants successifs de la Grèce et d’autres nations débitrices n’osèrent pas remettre en cause les exigences extrêmes des créanciers, de peur qu’ils seraient punis – que les créanciers couperaient leurs accès aux liquidités ou, pire encore, fassent exploser leur système bancaire si elles regimbaient à des coupes budgétaires toujours plus dures.
Alors l’actuel gouvernement grec recula t il et accepta de viser ces excédents ruineux pour l’économie ? Non, il n’a pas reculé. En fait, la Grèce gagna une flexibilité nouvelle pour cette année, et le langage sur les excédents de demain était obscur. Il veut tout et rien dire.
Et les créanciers ne l’ont pas laissé tomber. A la place, ils mirent à disposition des financements pour que la Grèce traverse les prochains mois. C’est-à-dire, si vous préférez, ont passé à la Grèce une laisse courte, et ca signifie que le grand combat sur l’avenir reste à venir. Mais le gouvernement grec n’a pas succombé à la mise à l’index, et ceci en soi est une sorte de victoire.
Pourquoi, alors, toutes les informations négatives ? Pour être juste, la politique fiscale n’est pas la seule question. Il y eut et il y a aussi des controverses sur des choses comme la privatisation de biens publics, où Syriza a accepté de ne pas revenir sur les accords déjà passés, et la réglementation du marché du travail, où certaines des « réformes structurelles » de l’époque de l’austérité seront apparemment maintenues. Syriza accepta aussi de s’en prendre à l’évasion fiscale, bien que pourquoi faire rentrer les impôts est censé être une défaite pour un gouvernement de gauche est un mystère pour moi.
Pourtant, rien de ce qui s’est produit ne justifie la rhétorique omniprésente d’un échec. En fait, mon sentiment est que nous assistons à une alliance inavouable ici entre des rédacteurs favorables à la gauche aux attentes irréalistes et la presse des milieux d’affaire, qui aime les récits de débâcle grecque parce que c’est ce qui est censé arriver aux débiteurs difficiles. Mais il n’y a pas eu de débâcle. Provisoirement, au moins la Grèce semble avoir mis fin au cycle de toujours plus d’austérité sauvage.
Et, comme je le disais, ce faisant, la Grèce a rendu service au reste de l’Europe. Souvenez vous, en arrière plan du drame grec il y a une économie européenne qui, en dépit de certains chiffres positifs, semble toujours glisser vers un piège déflationniste. L’Europe dans son ensemble a désespérément besoin de mettre fin à la folie de l’austérité, et cette semaine il y eut des signes légèrement positifs. Tout spécialement, la commission européenne a décidé de ne pas mettre la France ni l’Italie à l’amende pour dépasser leurs cibles de déficits.
Imposer ces amendes eût été de la folie étant donné les réalités du marché la France peut emprunter sur cinq ans à un taux d’intérêt de 0.002 %. C’est exact, 0.002 %. Mais nous avons assisté à beaucoup d’insanités similaires ces dernières années. Et vous devez vous demander si l’histoire grecque joua un rôle dans cette éruption de la raison.
On a beau le savoir, le répèter encore et toujours n’est jamais perdre son temps
Extrait de la Chronique Krugman NYT 12 octobre 2014
…. En Europe, les politiques d’austérité ont été motivées moins par l’analyse économique que par l’indignation morale de l’Allemagne à l’encontre de l’idée que des emprunteurs irresponsables pourraient ne pas affronter les conséquences de leurs actions.
…..
Alors la réponse politique à la crise de l’excès de dette a, en effet, été une exigence pour que les débiteurs remboursent intégralement leurs dettes. Que dit l’histoire de cette stratégie ? C’est facile : ça ne marche pas. Quelque progrès que les débiteurs accomplissent au prix de souffrances et d’économies est plus que contre balancé par la dépression et la déflation. C’est, par exemple, ce qui arriva à la Grande Bretagne après la première guerre mondiale, lorsqu’elle tenta de rembourser sa dette avec des surplus budgétaires considérables tout en retournant à l’étalon or : en dépit d’années de sacrifice, elle ne fit presque aucun progrès dans la réduction du ratio dette/PIB.
Hello Laurent,
Je t’avais rencontré à la Braderie de Lille sur le stand du PG; j’ai mal noté ton adresse mail. Depuis je l’avais demandé à deux camarades mais aucun n’a pris la peine de me répondre. bref…comme je te l’ai promis je t’envoie ici l’article de Krugman traduit en français.
Amicalement
La Chute de la France
P. Krugman, New York Times 28 août 2014
François Hollande, le président français depuis 2012, aurait pu être un lutteur. Il fut élu sur la promesse de revenir sur les politiques d’austérité qui tuèrent la reprise économique brève et insuffisante en Europe. Puisque la justification intellectuelle de ces politique était faible et s’effondrèrent bientôt, il aurait pu prendre la tête d’un bloc de nations exigeant un changement de direction. Mais il ne devait pas l’être. Une fois en fonction, Mr Hollande capitula promptement, cédant complètement aux exigences pour encore plus d’austérité.
Qu’il ne soit pas dit, cependant, qu’il manque entièrement de caractère. Au début de cette semaine, il prit une action résolue, mais pas, hélas en politique économique, bien que les conséquences désastreuses de l’austérité européenne deviennent plus manifestes à chaque mois qui passe, et même Mario Draghi, le président de la BCE, appelle à un changement de cap. Non, toute l’énergie de Mr Hollande était concentrée à éliminer les membres de son gouvernement osant remettre en cause sa servilité envers Berlin et Bruxelles.
C’est un spectacle remarquable. Pour l’apprécier pleinement, toutefois, vous devez comprendre deux choses. D’abord, l’Europe, dans son ensemble, connaît de grandes difficultés. Deuxièmement, cependant, au sein d’un comportement général de désastre, la performance de la France est bien meilleure que vous pourriez vous l’imaginer à partir des informations. La France n’est pas la Grèce ; elle n’est même pas l’Italie, mais elle se laisse intimider comme si elle était un cas désespéré.
Sur l’Europe : comme les Etats Unis, la zone Euro – les 18 pays qui utilisent l’Euro comme monnaie commune – commencèrent à se remettre de la crise financière de 2008 au milieu de 2009. Mais après qu’une crise de la dette se déclencha en 2010, des nations européennes furent forcées, comme condition à des prêts, d’effectuer des coupes drastiques dans les dépenses et de relever les impôts sur les familles de salariés. Entre temps, l’Allemagne et les autres créanciers ne firent rien pour compenser la pression à la baisse, et la BCE, contrairement à la réserve fédérale ou la Banque d’Angleterre, ne prit pas de mesures extraordinaires pour relancer la dépense privée. Par conséquent, la reprise européenne cala en 2011, et elle n’est jamais vraiment repartie.
A ce stade, l’Europe fait pire qu’elle le fit à un stade comparable de la Grande Dépression. Et même des nouvelles encore plus mauvaises sont peut être encore à venir, alors que l’Europe montre tous les signes qu’elle glisse dans le piège d’une déflation à la japonaise.
Quelle place occupe la France dans ce tableau ? Les infos dépeignent constamment l’économie française comme un foutoir qui ne marche pas, paralysée par des impôts élevés et la réglementation. Alors ça a tout l’air d’un choc quand vous considérez les chiffres véritables, lesquels ne correspondent pas du tout à ce scénario. La France ne s’en est pas bien tiré depuis 2008 – en particulier, elle a été à la traîne de l’Allemagne – mais la croissance générale de son PIB a été bien meilleure que la moyenne européenne, battant non seulement les économies en difficulté du sud de l’Europe mais les nations prêteuses comme les Pas Bas, la réussite en matière d’emploi n’est pas trop mauvaise, en fait, les plus jeunes adultes ont beaucoup plus de chances d’occuper un emploi en France qu’aux Etats Unis.
La situation de la France ne semble pas non plus particulièrement fragile. Elle n’a pas un important déficit de sa balance commerciale et elle peut emprunter à des taux d’intérêts historiquement faibles.
Pourquoi, alors, la France a t-elle si mauvaise presse ? Il est difficile d’échapper au soupçon que c’est politique : la France a un gouvernement interventionniste et un état providence généreux, ce que l’idéologie du libre échange dit devoir mener à un désastre économique. Alors le désastre est ce qu’on rapporte, même si ça n’est pas ce que les chiffres disent.
Et Mr Hollande, même si il dirige le parti socialiste française, apparaît croire ce dénigrement motivé par l’idéologie. Pire, il est tombé dans un cercle vicieux dans lequel les politiques d’austérité pousse la croissance à tomber en panne, et cette croissance en panne est prise comme preuves que la France a besoin d’encore plus d’austérité.
C’est une histoire très triste, et pas seulement pour la France
De manière plus immédiate, l’économie européenne est dans une situation désastreuse. Mr Draghi, je crois, comprend à quel point les choses vont mal. Mais c’est tout ce que la BCE peut faire, et, en tout cas, sa marge de manœuvre est limitée à moins que les dirigeants élus soient disposés à mettre en cause l’orthodoxie de l’argent cher et des budgets équilibrés. Entre temps, l’Allemagne est incorrigible. Sa réponse officielle au remaniement français fut une déclaration selon laquelle « il n’y a pas de contradiction entre la consolidation et la croissance » – hé, peu importe l’expérience des 4 dernières années, nous continuons de croire que l’austérité est expansionniste.
Alors l’Europe a désespérèment besoin du leader d’une économie majeure – une qui ne soit pas dans un état lamentable – pour se dresser et dire que l’austérité tue les perspectives économiques du continent. Mr Hollande pourrait et aurait dû être ce leader, mais il ne l’est pas.
Et si l’économie européenne continue de stagner ou pire, que deviendra le projet européen – l’effort de longue haleine pour assurer la paix et la démocratie au travers une prospérité partagée ? En faisant défaut à la France, Mr Hollande fait aussi défaut à l’Europe dans son ensemble – et personne ne sait à quel point ça peut mal tourner.