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Gardons confiance en l’avenir du Front de gauche

Le 19 décembre 2012, Marc Dolez, député du Nord, fondateur du Parti de gauche, annonce son départ de notre organisation. Voici la lettre que j’ai envoyée à mes camarades à cette occasion.

(c) Photos du Front
(c) Photos du Front



Cher-e-s camarades,

Nous avons appris aujourd’hui par la presse le départ du Parti de gauche de notre camarade Marc Dolez, député du Nord et co-fondateur de notre parti. Nous actons cependant sa volonté de continuer à siéger sous l’étiquette Front de gauche.

J’accueille avec tristesse cette décision dont les fondements ne me semblent pas établis.

Les deux derniers conseils nationaux du PG ont lancé le processus du prochain congrès dont je ne doute pas qu’il sera un vrai moment de démocratie interne, qu’il aboutira à un meilleur fonctionnement de notre parti et fixera notre ligne politique pour les prochaines années. Il est regrettable que ce soit le moment choisi par Marc pour nous quitter, alors qu’il lui était possible d’exprimer ses réserves sur la ligne du parti, avec l’autorité morale qui est la sienne parmi ses camarades.

Sur le fond, je suis en désaccord avec l’idée que notre orientation écosocialiste, pourtant présente dès l’origine du PG (voir le discours de Jean-Luc Mélenchon à Saint-Ouen en novembre 2008), nous éloigne du « social ». Nous sommes le parti du salaire maximum avec la taxation à 100% au-delà, et du SMIC à 1700 euros. Justement, la synthèse écosocialiste conjugue notre quête d’égalité et de justice sociale, et le souci de produire en fonction des besoins sociaux tout en respectant les ressources naturelles. Nous ne sommes contre les hauts revenus et les gros patrimoines non seulement parce qu’ils sont une insulte à l’égalité du genre humain, mais aussi parce que les modes de vie induits par ces inégalités amènent au désastre écologique puisqu’ils donnent en exemple un consumérisme insupportable.

Nous accordons l’écosocialisme à nos convictions républicaines car il n’y a pas de respect à la fois de l’humain et de son environnement sans prise en compte de l’intérêt général. Il n’y a donc nulle “dérive gauchiste” là-dedans.

Ne laissons pas dire que nous souhaiterions l’échec de la gauche au pouvoir, nous qui avons contribué à la porter là où elle est. La majorité nationale pratique (qui peut le discuter ?) une politique d’austérité de plus en plus dure, au détriment de nos concitoyens, en dépit de toutes les promesses de campagne. Le choc de compétitivité se traduit par un cadeau de 20 milliards d’euros sans contrepartie aux entreprises. La pauvreté augmente, le chômage également, le mal-logement progresse ainsi que les renoncements aux soins, le désastre écologique est patent, toute perspective de transition énergétique s’évanouit avec les renoncements successifs du gouvernement Hollande-Ayrault PS-EELV. Comment pourrions-nous être complaisant envers cette politique ?

Les réserves exprimées par Marc sur la venue de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont, ou encore sur la manière dont celui-ci intervient dans les médias, ne sont pas des questions taboues. Tout doit pouvoir se discuter au sein du PG, sans entraîner pour autant la sortie de celles et ceux qui lèvent une question. Il nous reste beaucoup de progrès à faire. C’est le défi que nous devrons relever dans le cadre du prochain congrès PG de Bordeaux.

Je vous engage à garder confiance en l’avenir du Front de gauche, au sein duquel notre parti a toute sa place. Marc a choisi de quitter le PG, mais reste fidèle à l’idée du Front de gauche. Nous mènerons donc de nouveaux combats côte à côte et lui garderons notre estime, quand bien même nos analyses politiques sont divergentes.

Je vous prie de recevoir mes salutations militantes.

Pas d’austérité pour les collectivités territoriales

Lors de la séance plénière des 29 et 30 novembre, j’ai défendu une motion contre l’austérité imposée aux collectivités territoriales. En voici le contenu.

Le Premier ministre a annoncé le 6 novembre dernier une baisse de 20 milliards d’euros des cotisations patronales pour les entreprises, qui seront compensés par l’Etat au moyen d’une augmentation de 7 milliards de la TVA, et le reste par des baisses de la dépense publique, qui auront directement un impact sur les collectivités locales.

L'austérité renforce les inégalités entre les différentes régions de France.
L’austérité renforce les inégalités entre les différentes régions de France.

A cela s’ajoute l’annonce du Comité des finances locales du « gel des dotations » aux collectivités en 2013, puis une diminution de 750 millions en 2014 et encore 750 millions en 2015, soit un total de 2,250 milliards sur la période 2013-2015.

Rappelons que les transferts de compétences précédents, en 2004 notamment, n’ont toujours pas été compensés financièrement aux collectivités qui les ont reçues. Pour elles, il s’agit de milliards d’euros manquants.

Alors que le Gouvernement évoque un acte III de la décentralisation, il ôte aujourd’hui aux collectivités les ressources pour maintenir simplement leur périmètre d’action.

En ce qui concerne plus particulièrement notre région, il est patent que nous pouvons moins que d’autres subir un gel, voire une diminution de nos ressources, d’autant que celles-ci ont déjà été dégradées depuis des années avec la suppression de la taxe professionnelle.

Les actions menées aux bénéfices de nos populations et l’investissement public, sous toutes ses formes, sont pourtant chez nous une nécessité vitale au territoire.

Certains observateurs, comme Laurent Davezies, économiste spécialiste des développements des territoires, ont montré combien la région Nord-Pas-de-Calais est dépendante de la redistribution fiscale et sociale. Ce filet de sécurité, bien qu’insuffisant, est indispensable.

Le Conseil Régional du Nord-Pas-de-Calais demande solennellement que la politique d’austérité imposée aux budgets publics et à nos concitoyens cesse immédiatement. Vouée à l’échec, elle va déprimer durablement la consommation des ménages et comprimer l’investissement public porté à 75% par les collectivités locales.

Pour mettre un terme à la crise, relancer la croissance et sortir de l’austérité, le Conseil Régional du Nord-Pas-de-Calais demande :

  • Un engagement de l’Etat pour une autre orientation de l’argent, aujourd’hui capté par les marchés financiers au détriment du développement économique.
  • De redonner aux collectivités locales une fiscalité dynamique permettant une redistribution des richesses au service de l’aménagement du territoire.

Il en va de l’avenir de notre pays et de notre région.

Pour la gratuité des transports de voyageurs

Le Schéma régional des transports et mobilités était au coeur de la séance plénière des 24 et 25 octobre 2012. A cette occasion, j’ai défendu la gratuité d’accès aux transports de voyageurs car elle est la seule façon de démocratiser tout à fait la mobilité.

Billet_de_train,_TER_Nord-Pas-de-Calais,_2013

Je souhaite souligner la qualité du document qui nous a été soumis comme base de travail sur le futur Schéma régional des transports et mobilités, qui constitue un bilan des politiques de notre collectivité et surtout trace des perspectives.

C’est l’occasion pour notre groupe d’insister sur quelques orientations majeures, inscrites ou pas dans cette proposition de SRTM.

Nous sommes envers et contre tout des inconditionnels du Service public, et c’est particulièrement vrai concernant les transports ferroviaires de voyageurs. Seul le Service public permet de conjuguer l’impérieuse nécessité de couvrir la totalité du territoire, sans considération de rentabilité, afin d’en rendre vivable chaque partie, avec l’efficacité d’une planification à long terme.

Nous savons tous combien les expériences de privatisation ou de mise en concurrence dans ce secteur ont toutes été des échecs du point de la justice et de l’égalité, souvent aussi sur le plan de la sécurité.

Il faut dire fortement notre refus d’entrer dans la logique de la concurrence dans les transports de voyageurs, qui aurait des conséquences inévitablement funestes pour la desserte des extrémités et les zones rurales de notre région. Quel opérateur privé acceptera-t-il de couvrir des zones qu’il considère comme non rentable ? Aucun bien sûr, alors il revient au Service public du rail d’opérer une péréquation entre les segments dont l’exploitation est rentable avec ceux qui ne le sont pas, afin d’équilibrer les coûts.

Nous poursuivons par ailleurs l’idée que la gratuité d’accès au transports de voyageurs est la seule façon de démocratiser tout à fait la mobilité. Définir la mobilité comme un droit nécessite qu’il soit inconditionnel, pas seulement en théorie mais dans les faits. Le meilleur moyen d’y parvenir est de proposer un service financé par l’impôt et non plus par les usagers. C’est aussi une façon de supprimer toute stigmatisation des catégories « aidées ». Enfin, ce sera la voie d’un progrès sans retour en arrière possible car les usagers d’un service public gratuit et de qualité sont plus à même de le défendre aux côtés de ceux qui y travaillent quotidiennement. Aujourd’hui, l’usager du TER paie 20% de la dépense réelle engagée pour faire rouler nos trains. La marche est encore haute à franchir mais il faut s’y essayer. Si une région française prenait cette initiative, la gratuité ferait tâche d’huile dans tout le pays. Quelle formidable élan prendraient alors les transports alternatifs à la route ! Cela pose bien entendu la question du financement complémentaire à celui qui couvre les 80% déjà engagés. Je ne vous surprendrai pas en préconisant d’avoir recours à l’impôt redistributif et progressif sur tous les revenus, notamment sur le capital, ainsi qu’au relèvement des taxes transports payées par les entreprises régionales. A tout le moins, une étude d’opportunité sur la gratuité du transport des voyageurs pourrait être lancée.

Il faut se féliciter de la vitalité des comités de ligne, exemple pour toutes les politiques publiques. Car lorsque les usagers sont directement associés au fonctionnement d’un service, ils n’ont pas de langue de bois si cela ne fonctionne pas ! Nous savons tout de suite si cela convient ou pas.

Le projet de SRTM pose en filigrane plusieurs questions :

  • L’attitude de la SNCF, dans un contexte concurrentiel institutionnalisé, est une source d’incertitude tant pour les usagers, pour les collectivités que pour ses salariés. Ancrons la SNCF dans le Service public, non seulement par nos votes en région, mais en cohérence, au plan national et européen.
  • Ensuite, le SRTM liste un nombre impressionnant de travaux d’infrastructure, mais nous nous interrogeons sur leur priorisation et leur financement. Choisir une politique national de rigueur ne nous semble pas gage de réussite en la matière, sauf à vouloir recourir aux recettes en trompe-l’œil du partenariat public-privé.
  • Enfin, nous défendons dans un souci tant social qu’écologique le fret ferroviaire de proximité, qui est l’objet d’une étude menée par la région.

Mon intervention n’avait pas vocation bien sûr à balayer la totalité du contenu du projet de SRTM qui, redisons-le, est une d’une grande qualité et est de nature à éclairer nos choix.