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Le secteur ferroviaire menacé par l’austérité

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Il y a quelques semaines, j’avais signalé ici dans un billet combien les patrons de l’industrie ferroviaire (parmi d’autres) étaient inquiets des politiques d’austérité menées par le gouvernement. Deux nouvelles récentes ne peuvent que nous inquiéter quant au devenir du secteur ferroviaire en France.

Selon un communiqué commun de la fédération des industries ferroviaires (FIF), de la fédération des industries mécaniques (FIM) et la fédération des professionnels de l’ingénierie (SYNTEC-Ingénierie) publié le 4 décembre, la filière ferroviaire française est en grave danger.

Il faut dire que, à part pour les rames de métro, les perspectives de commandes de matériels roulants (TGV, TER, trains Intercités-TET) sont quasi nulles après 2016-2017. À cela deux raisons principales : d’une part, les régions n’ont plus les moyens d’investir dans les rames TER : la diminution des dotations d’État est passée par là, ses effets sont déjà visibles. D’autre part, l’État ne manifeste aucune ambition pour le soutien au trafic intercités, caractérisé par un parc roulant très usagé qui devrait être remplacé. Les besoins existent donc, mais ne sont plus solvables faute de moyens publics. Pour le dire encore autrement, les investissements publics sont fortement ralentis ou au point mort. En résumé, d’après le Monde du 4 décembre, le chiffre d’affaire du secteur pourrait passer de 1,4 milliard d’euros en 2013 à… 300 millions d’euros en 2018 !

Le danger créé par cette situation est clair. La moitié des 21.000 emplois dans la filière sont directement menacés à court terme. Cinq sites majeurs de production pourraient fermer. Rappelons que le Nord-Pas-de-Calais concentre pas moins de 10.000 emplois de la filière, notamment concentrés chez Bombardier à Crespin et Alstom à Petite-Forêt ! C’est dire si le destin de ce secteur industriel nous concerne.

Voilà une manifestation très concrète des politiques d’austérité appliquées aux budgets publics. On redécouvre tout à coup que la dépense publique ne consiste pas à jeter l’argent dans un puits sans fond, mais fait vivre des entreprises industrielles, du bâtiment, des services, donc fait tourner le système économique. En règle générale, la dépense publique intervient là où le privé ne voudra jamais investir à long terme (infrastructures), ou le ferait à des prix prohibitifs.

Pour la filière ferroviaire, ce malheur n’arrive pas seul. La récente réforme ferroviaire a créé une structure de tête au-dessus de la « SNCF mobilités » et de RFF rebaptisé « SNCF réseau », appelée SNCF tout court. Le gouvernement Valls a choisi comme premier président du conseil de surveillance de la nouvelle SNCF un patron du privé, Frédéric Saint-Geours, ancien de Peugeot et président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM, premier syndicat du Medef). Comme le remarque Politis, n’y avait-il pas d’autre choix pour cette charge stratégique qu’un énarque ayant passé sa vie à pantoufler et pour qui le Service public ne peut être qu’un gros mot ? Au moins, on sait ce qu’il pense de l’ouverture à la concurrence du ferroviaire, prévue à l’horizon 2019… Après une telle nomination, y a-t-il encore la moindre ambiguïté sur l’orientation droitière du gouvernement ?