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Palestine-Israël : inégales responsabilités

COLLECTIF REUNIONNAIS « NOUT  TOUT ENSAMB POUR LA PAIX EN PALESTINE »

L’Assemblée nationale a voté aujourd’hui une résolution historique demandant la reconnaissance de l’État palestinien. C’est une grande avancée, largement acquise au Parlement (339 « pour » contre 151).

Début octobre 2014, le conseil régional Nord-Pas-de-Calais a eu l’occasion de débattre d’un voeu déposé conjointement par les groupes EELV et Front de Gauche-communistes et unitaires, sur la paix entre ces deux Nations, après les violents bombardements subis par Gaza de la part d’Israël l’été dernier. Je dois avouer que le contenu assez œcuménique du texte a surpris notre groupe, ce que mon intervention rend bien. À gauche, par ma voix, nous avons été les seuls à sortir de cette posture d’égalité rhétorique entre le pays qui bombarde et le peuple qui est bombardé.

Monsieur le Président, chers collègues,

Je vais dévier un instant de ce que j’avais prévu de dire et de ce que j’avais préparé avec mes collègues, parce qu’au début, nous nous sommes vraiment demandés : « un vœu pour quoi faire ? », de la part des groupes qui en sont les signataires.

En effet, si nous partageons complètement le constat et la litanie des dégâts de tout ce qui s’est déroulé à Gaza pendant l’été, nous nous demandions ce que venait faire le Conseil régional dans cette affaire, au vu du vœu et de sa conclusion. Les choses ont pris sens avec l’intervention de Bernard BAUDE et une discussion informelle avec Majdouline SBAI, et je suis désolé que le vœu ne traduise pas les « intérêts », si j’ose dire, de la région, dans ce conflit. Je pense à l’aide apportée et au souhait de voir cette aide respectée malgré le conflit.

C’est à cette lumière, maintenant, que nous pouvons analyser et juger mieux la portée de ce texte. Je passe à ce que j’avais prévu de vous dire.

Bien évidemment, disons une fois pour toutes que la sécurité d’Israël et de ses citoyens n’est pas une clause de style mais un élément fondamental de règlement du conflit.

Ceci posé, nous disons avec la même force que tant que l’État d’Israël se comportera comme une puissance colonisatrice, dédaigneuse du droit international – combien de condamnations par le Conseil de l’ONU ? –, dédaigneuse des traités signés précédemment, aucune paix ne sera possible au Proche-Orient. Les colonisés, les occupés, les martyrisés palestiniens ne céderont jamais devant la force brute qui leur est opposée.

Le vœu proposé, finalement, était rédigé de façon un peu paradoxale. Après avoir exposé de façon exhaustive les désastres subis par la population de Gaza, il appelle à « prendre la mesure des responsabilités de cette guerre », et pourtant, aucune condamnation des agissements de l’État d’Israël ne figure ici explicitement, alors que sa responsabilité nous semble écrasante dans l’entretien de ce foyer de guerre. Il y a bien ici un État agresseur et un peuple agressé, les responsabilités ne sont pas égales dans ce conflit.

Nous partageons les revendications émises en conclusion du vœu, en particulier l’issue de deux États séparés dans les frontières de 1967, la levée du blocus de Gaza, même si nous avons du mal à  comprendre par quel miracle l’État d’Israël pourrait accéder à ces demandes si poliment formulées qui ne sont assorties de la moindre menace de sanction. Au moins, peut-être, aurait-on pu appeler – c’est une suggestion – à une campagne de type BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), riposte non violente et citoyenne à l’attitude agressive systématiquement illégale de l’État d’Israël à l’égard du peuple palestinien.

Nous voterons donc ce vœu, en regrettant que sa rédaction si prudente en oublie que seul le rapport de force imposé par la Communauté internationale peut changer la situation et amener Israël à une paix juste.

Merci de votre attention.

 

NB : le vœu a été voté par le conseil régional Nord-Pas-de-Calais par 65 voix, 2 abstentions et 27 refus de prendre part au vote (« L’Opposition régionale » et le FN).