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A notre Delap’

 

En campagne en 2005

 

Nous le savions souffrant depuis août 2014, nous savions aussi que sa tumeur cérébrale était incurable, mais rien ne pouvait nous préparer à la disparition de François Delapierre ce 20 juin 2015.

Compagnon en militantisme depuis 2003, c’est-à-dire depuis que j’ai rencontré Jean-Luc Mélenchon et son équipe rapprochée, j’ai toujours connu Delap’ aux manettes, organisateur et théoricien à la fois, ouvrant par exemple les conseils nationaux de Pour la République sociale puis ceux du Parti de Gauche par des analyses qui éclairaient et mettaient en ordre nos pensées.

De beaux hommages ont déjà été rendus par Alexis Corbières et bien sûr par Jean-Luc Mélenchon en personne, à François qui fut un organisateur né.

Mes meilleurs souvenirs de François datent de ma vraie entrée en militantisme, l’époque de la création de PRS et du référendum de 2005 (d'où la photo humoristique ci-dessus qui avait fait le tour de PRS en mai 2005). Époque héroïque où Delap’ sillonnait la France, souvent avec sa compagne Charlotte, pour délivrer des formations militantes, avec un souvenir particulier lorsqu’un hôtel lillois nous ayant fait faux-bond, le couple dut camper dans mon salon dans l’improvisation totale.

François c’était aussi ce sourire toujours accroché au visage, apparemment insensible au stress et à la fatigue, avec le sens du trait qui fait mouche. Combien de formules, slogans, dont nous nous servons encore a-t-il contribué à forger ? Il avait aussi l'effronterie de ceux qui ont très souvent raison. Je le disais, François nous mettait les idées en ordre. Seuls ceux qui ne militent pas peuvent penser qu’un parti avance sans réaction aux événements qui l’entourent. Il faut sans cesse les interpréter, éprouver nos idées, adapter nos actes, essayer de saisir le moment pour agir. Delap’ était un éclaireur pour nous tous.

François s'était confronté récemment à un problème récurent pour la gauche, celui de la sécurité publique, et écrit un ouvrage personnel et déterminé sur le sujet Délinquance : les coupables sont à l'Intérieur, paru chez notre ami Bruno Leprince en 2013. Cela fut la dernière occasion de voir François dans le Nord, à Orchies, où une formation militante avait été organisée par le comité du Douaisis en octobre de la même année à la grande satisfaction des dizaines de camarades qui y ont participé. C'était hier, cela semble une éternité.

Comment ne pas être frappé par la brièveté de cette trajectoire, au moment où le PG se cherche et où l’assurance et la pédagogie de François nous auraient été si profitables…Essayons d'être de dignes continuateurs de tous ces engagements.

Derrière le militant, il y avait l’homme qui a fondé une famille au même moment que le PG. Aujourd’hui, mes pensées vont à Charlotte et à leur deux enfants si tôt privés de leur père.

A la mémoire de Bruno Leprince

Notre camarade et éditeur Bruno Leprince nous a brutalement quitté jeudi 21 août sur le point de nous rejoindre au Remue-Méninges du PG comme chaque année. Voici le texte d’hommage à Bruno prononcé par Laurent Maffeïs lors de ses obsèques mardi 26 août au Père Lachaise, en présence de Jean-Luc Mélenchon et d’une centaine de militants du PG venus de toute la France.

Bruno Leprince

Chère Hafida, chère Sophie, cher Gaëtan,
et toute la famille de Bruno,

Chers Amis, chers Camarades, chers Frères et Sœurs,

Nous avons tous perdu une part de nous-même avec le départ de Bruno.

Je veux vous parler à cet instant de l’engagement militant de Bruno. Et de son métier.
Pour dire l’immense reconnaissance du Parti de Gauche, de ses militants et de son fondateur Jean-Luc Mélenchon envers Bruno, notre camarade.

Car en dépit de sa discrétion connue de tous, Bruno était un homme public. Et même une personnalité de la gauche française. Il a d’abord marqué le mouvement socialiste. Avant de s’engager, par fidélité au socialisme et à la République, dans la voie de l’autre gauche.

J’ai eu la chance de me trouver au carrefour de son engagement politique et de son travail d’éditeur.
Bruno était un discret qui rayonne. Il a éclairé la vie de ceux qui l’ont connu directement. Mais aussi la vie de milliers d’autres à travers son audace éditoriale.

Il était là dés la gestation du Parti de Gauche, en ayant eu le courage de publier à l’été 2008, presque personne ne s’en souvient, la dernière contribution de Jean-Luc Mélenchon et d’un millier de nos camarades au Parti socialiste. Ça s’appelait Trait d’Union. Quelques mois auparavant, il s’était aussi fait remarquer en publiant une Réplique argumentée de Jean-Luc Mélenchon au discours de Latran de Nicolas Sarkozy.
Si je mentionne ces deux ouvrages, c’est qu’ils expriment deux convictions essentielles de Bruno : l’ancrage de la gauche dans l’idéal révolutionnaire et son attachement absolu à la laïcité.

Très engagé et militant, Bruno n’était pas un homme de parti. Il était totalement tourné vers la société, et n’aimait pas trop les réunions et débats internes. Ces dernières années, en dépit des déceptions à gauche, il avait retrouvé le goût de la politique. Le goût des idées qui deviennent des forces matérielles, comme disait Marx. Et il ne faisait pas les choses à moitié. Il a passé toute la campagne présidentielle sur les routes avec nous, pour diffuser nos livres derrière des tables militantes, avec Hélène Magdo, toujours fidèles au poste.

Editeur militant, véritable instituteur du peuple, il déplorait la dévaluation de l’écrit en politique. Il savait que l’action politique est d’abord et avant tout une action culturelle. Un camarade m’a dit ce matin qu’un homme qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle. C’est encore plus vrai pour Bruno qui avait une culture immense. Mais ses livres sont là, pour longtemps. Car il travaillait pour le temps long, à faire des documents de référence non périssables.
Il a ainsi fait revivre des textes inédits de Jaurès. Il savait aussi faire naître des vocations d’auteur chez ceux qui n’avaient jamais écrit de livre. Il a ainsi permis de traduire des luttes en livres, en digne héritier de Medvedkine ou d’Aragon. Il aimait aussi publier des guides pratiques pour changer la vie à tous les niveaux. Editeur artisan et artiste, Bruno avait mille cordes à son arc : livre politique ou historique, livre de dessins ou de photos mais aussi livre érotique ou ésotérique.

Tout ça était magique. Et révolutionnaire. Avec Bruno nous avons fait des choses que je n’aurais jamais crues possibles au départ, moi qui ne connaissais rien à l’édition. 60 livres en 4 ans ! Sans parler de tous les projets en cours. Tout ça dans un souci démocratique permanent. Et avec le goût du beau. La beauté, Bruno la cultivait non seulement comme éditeur mais aussi comme peintre, poète, cuisinier, marin. Il aimait la douceur des matins calmes comme la puissance des grandes marées. Bruno était un artiste, et comme tous les artistes, une sorte de magicien.

Sa vie était une alchimie mêlant discrétion et charisme. C’est ce qui lui a permis de construire une œuvre à la fois personnelle et collective.
Avec des centaines d’auteurs, qui sont nombreux ici.
Avec nos fidèles associés, Jean Le Garrec, Antoine de Villoutreys, Bernard Pignerol.
Avec des artisans et des artistes de l’imprimerie et du dessin, comme Luciano Cavaletto ou Dobritz.
Tout ça n’aurait pas été possible non plus sans Hafida, Sophie, Gaetan et leur mère Monique qui partageaient sa passion des livres.
Ni sans les militants enfin qui aidaient à leur diffusion.

Bruno nous a tous fait grandir en humanité.
Il a changé nos vies.
Il nous a tant appris.

A nous d’être capable maintenant de continuer son œuvre.
Celle notamment du livre d’éducation populaire.
Ainsi nous contribuerons à ce que les Lumières, dont Bruno était un fils, ne s’éteignent jamais.

Le Grand Marché transatlantique, ça vous concerne !

Le groupe "La Gauche sociale et écologiste" vient de publier sa première tribune, consacrée au Grand Marché transatlantique, dans le journal du conseil régional Mon Nord-Pas-de-Calais (page 18).

A l'heure d'un grand débat démocratique européen, il est indispensable d'informer au maximum nos concitoyens des dangers créés par le traité en cours de négociation entre l'Union européenne et les Etats-Unis.

En résumé, ces négociations ont lieu dans un grand secret. Ni les citoyens ni les parlementaires nationaux, ni les parlementaires européens n'ont connaissance précisément de ce qui est discuté actuellement.

L'objectif de ce traité serait d'abaisser drastiquement toutes "les entraves au commerce" entre les deux zones économiques. Or, ces "entraves" sont bien souvent nos acquis sociaux et environnementaux collectifs ! C'est ainsi que nous risquons, au nom d'une politique privilégiant les échanges au profit des multinationales, de voir arriver chez nous les poulets désinfectés dans des bains de chlore, les OGM, les viandes aux hormones, etc. Autant de pratiques interdites en Europe mais qui pourraient être acceptées en échange d'autres ouvertures vers le marché américain, dans le cadre de la négociation.

Tout ce qui relève du secteur concurrentiel (y compris l'enseignement et la santé), y compris nos services publics (sauf les pouvoirs régaliens liés à la Défense, la Justice et la Diplomatie) est susceptible de tomber sous le coup du traité.

Parmi les sujets dangereux, il y a par exemple l'exploitation des gaz de schiste, refusée par une grande majorité de citoyens, mais qui pourrait nous être imposée. Par quel mécanisme ? Simplement car les multinationales gagneraient le pouvoir d'assigner en justice les Etats dès lors que ceux-ci édictent des règles susceptibles de limiter ou d'empêcher leurs profits !

C'est un véritable coup d'Etat qui menace ce qui reste de démocratie sur notre continent. Le pouvoir des élus, locaux, nationaux ou européens, serait battu en brèche et limité à n'exécuter que ce qui est favorable aux affaires, au mépris de l'intérêt général. Il est impossible de faire confiance aux négociateurs européens pour défendre ce dernier, car comme le fait remarquer Raoul-Marc Jennar, il y a une porosité totale entre la sphère "publique" bruxelloise (les hauts-fonctionnaires européens) et les représentants des intérêts privés (en particulier les multinationales) : lorsque les pantouflages et recasages sont nombreux, le conflit d'intérêts est permanent.

Mais au final, le parlement européen aura son mot à dire pour ratifier ou pas ce traité. Il faut donc faire des élections européennes un véritable référendum sur le Grand Marché transatlantique !

Pour en savoir plus, je conseille de consulter le site de notre camarade Raoul-Marc Jennar, un brillant spécialiste de la question. Il a par ailleurs publié un court ouvrage résumant les questions vitales posées par le possible traité. Par ailleurs, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé de longue date à la fois la méthode de négociation et le contenu du GMT. Bon, à part ça, d'après la presse bien pensante, Jean-Luc Mélenchon n'est pas un parlementaire européen actif…Où sont-ils ces commentateurs quand on assassine la souveraineté populaire ?