Une réforme des retraites misogyne et absurde

Lors de la séance plénière des 3-4-5 juillet 2013, une motion a été déposée par le groupe Front de gauche – communistes et unitaires afin de défendre le principe de la retraite à 60 ans à taux plein. Voici ma contribution au débat.

Monsieur le Président, merci de me donner la parole.

Je voulais indiquer que Laurence SAUVAGE et moi-même nous associons bien volontiers à la motion déposée par le groupe Front de gauche, communistes et unitaires.
Je souhaitais apporter deux éléments supplémentaires aux arguments qui ont été développés ici. Deux bonnes raisons pour s’opposer résolument à l’extension de la durée de cotisation pour atteindre la retraite à taux plein.

La première, c’est que l’espérance de vie en bonne santé aujourd’hui stagne voire même recule dans les pays occidentaux. Jusqu’à présent, nous avions la certitude que les années de vie gagnées étaient des années de vie en bonne santé. Or, aujourd’hui, il semble en tout cas qu’on connaisse une stagnation, c’est-à-dire que l’augmentation de l’espérance de durée de vie n’est plus du tout synonyme de bonne vie, de vie agréable, de vie dont on peut vraiment profiter. C’est déjà un premier argument, me semble-t-il.

La deuxième raison a été esquissée à la fois par Valérie PRINGUEZ et par Monsieur TILLIE, c’est la difficulté à réunir le nombre de trimestres cotisés aujourd’hui, principalement pour la moitié de la population féminine. Je pense que l’extension de la durée de cotisation est une mesure profondément misogyne, puisque les femmes sont les premières à subir le temps partiel subi, à subir le chômage et connaissent aussi des  retards de cotisations dus à leur maternité. Ce qui fait qu’au final, elles sont triplement sanctionnées par tout cela, par des niveaux de retraite qui sont nettement inférieurs en effet à ceux de leurs homologues masculins.
Pour ces raisons, allonger la durée de cotisation pour atteindre une retraite à taux plein, c’est à la fois une mesure réactionnaire et misogyne. C’est la dernière des décisions à prendre pour assurer le bien-être général.
J’avoue être un peu sidéré par la position de retrait des deux groupes majoritaires, c’est à dire Europe Ecologie – Les Verts et la position exprimée par le groupe Socialiste, Radical et Citoyen. Je ne sache pas qu’on puisse être « prématuré » dans la défense de la retraite à 60 ans, comme cela a été dit tout à l’heure. Je pense qu’il n’y a pas de meilleur moment, justement, que maintenant pour défendre ce principe, qui est un principe profondément égalitaire, profondément juste. Et je m’interroge même sur le fait que cela devient une vraie ligne de partage entre la gauche et la droite aujourd’hui.

La motion a été repoussée par une coalition de voix de la droite et du FN, contre les voix minoritaires du Front de gauche et de divers gauche. Les groupes PS et EELV avaient annoncé leur non-participation au vote au motif que « le débat était prématuré ». Pour mémoire, une motion quasi similaire avait été approuvée par le conseil régional en 2010, mais c’était avant que la majorité nationale change en juin 2012. A l’époque, PS et EELV n’étaient pas au pouvoir et étaient bien sûr « de gauche »…