Conseil régional : nous voterons contre le budget 2014

Le 18 décembre, lors de la séance plénière du conseil régional, nous avons mené le débat d’orientation budgétaire. J’ai annoncé et expliqué pourquoi nous voterons contre le budget régional 2014.

REGIONALES-NORDPASDECALAIS-LE PEN

Monsieur le Président,

Monsieur le vice-président chargé des finances,

Mesdames et Messieurs les conseillers régionaux,

Le projet de budget primitif du conseil régional pour 2014 est historique, vous l’avez abondamment souligné, en raison de la première baisse de son budget de fonctionnement. Prévu pour diminuer de 2%, il faut souligner qu’il aurait diminué de plus de 4% si nous n’avions bénéficié d’une providentielle et exceptionnelle récupération de 32,9 millions d’euros au titre de la gestion des Trains express régionaux (TER).

Le budget de notre région est, comme nous le savons, directement lié à celui de l’État. Les vases communicants mis en place sous la précédente majorité, qui a détruit toute autonomie fiscale, donnent aujourd’hui leur pleine mesure. Le changement tant vanté n’y a précisément rien changé. Alors que l’économiste « modélisateur en chef » de la Commission européenne, Monsieur Jan Int’Veld, a publié un rapport en octobre dernier qui évalue à 5% la croissance perdue par la France en trois ans du fait des politiques d’austérité généralisées au plan européen, la majorité parlementaire s’obstine dans cette impasse. Malgré la catastrophe économique et sociale, malgré l’absence de perspectives données à nos concitoyens et aux salariés, malgré la désespérance qui s’installe, le gouvernement Ayrault et ses soutiens continuent une politique d’attrition des budgets publics, et ce en plein marasme économique.

Comme nous l’avons exprimé lors du débat d’orientation budgétaire, cette politique est suicidaire. On ne saurait imaginer une attitude plus à l’encontre de l’intérêt général, surtout lorsqu’elle s’accompagne de nouveaux cadeaux aux entreprises et d’un tour de vis de TVA. Je ne referai pas ici la démonstration de l’injustice et de la toxicité de cette politique budgétaire. Quand tout est subordonné aux politiques de réduction des dépenses publiques, que reste-t-il du projet politique ?

C’est pourquoi Laurence Sauvage et moi-même voterons contre le budget primitif proposé pour 2014. La situation est trop grave pour jouer aux devinettes jusque demain, jour du vote sur le budget.

En cohérence avec le vote des parlementaires du Front de gauche dans les deux Assemblées qui sanctionne d’un refus clair la politique budgétaire du gouvernement, nous jugeons à notre tour les conditions dans lesquelles le budget régional a été élaboré tout simplement inacceptables.

Entendons-nous bien. Notre opposition ne se manifeste pas contre LES politiques régionales en général, nous en soutenons d’ailleurs beaucoup, mais contre le cadre absurde qui les contraindra l’année prochaine, et les suivantes ! Votre synthèse a l’honnêteté de reconnaître que le garrot va être serré plus encore l’année prochaine, et encore plus en 2016. Nous n’en sommes donc qu’au début des sacrifices.

Encore une fois, le problème n’est pas ce qu’a fait la Région, ou ce qu’elle fait, mais ce qu’elle ne pourra plus faire ou ne fera plus, au moment où elle aurait été le plus utile.

Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président, nous ne vous reprochons pas de ne pas faire de magie avec les ressources qui nous sont données. En revanche, nous n’avons pas la même appréciation de ce que vous appelez « une position revendicative » à l’égard du gouvernement. Il nous semble que cette revendication serait mieux entendue depuis Paris après un refus unanime du budget par la majorité du conseil régional. Sinon de cette « position revendicative » ne restera qu’une posture vite oubliée.

Que l’on y prenne bien garde. Le refus de l’austérité se fera entendre d’une manière ou d’une autre. Le peuple agressé par les politiques d’austérité trouvera les voies pour se débarrasser de ceux qui les incarnent et les mettent en œuvre, que ce soit en conscience, par inconséquence ou par paresse. Et ce d’autant plus qu’aucune majorité n’a été élue pour mener cette politique-là, elle n’a donc aucune légitimité.

Il vaudrait donc mieux que le refus de l’austérité soit exprimé par notre calme assemblée plutôt que par des votes de haine. À ceux qui espèrent quelque chose de leurs élus, faut-il offrir le spectacle d’une assemblée régionale qui commence à baisser les bras en pleine tempête ? À ceux qui n’espèrent plus rien de la démocratie ou à ceux qui la haïssent, faut-il offrir de nouvelles occasions de désespérer encore ou de se réjouir ? En conscience, nous disons « non ».